Nous mettrons nos enfants à l'école publique... Paris, Mille et une nuits, 2005
Il n'est plus nécessaire de s'indigner des "menaces de libéralisation" de l'Education nationale. Cette dernière est largement, déjà, privatisée. Aussi bien dans l'école dite "publique" que dans les "écoles privées", la logique libérale est à l'oeuvre : la concurrence entre les établissements joue à plein et le secteur scolaire n'est plus qu'un formalité imposée aux plus pauvres et aux moins débrouillards. On peut se contenter de dénoncer le phénomène, montrer qu'il va s'amplifiant de manière exponentielle et que la marchandisation de l'école est un phénomène bien installée dans nos sociétés. On peut aussi en appeler à un "sursaut anti-libéral"... tout en continuant à mettre ses propres enfants dans les écoles qui leur garantiront de bonnes fréquentations et de belles études supérieures. On peut aussi tenter d'imaginer une manière de repenser le système scolaire qui permette de donner à tous les mêmes chances, d'encourager la mixité sociale dans les établissements, de garantir la possibilité de recours en interne pour n'avoir pas besoin, en cas de difficulté, d'aller chercher des recours externes et payants... Il faut, alors, concevoir une autre manière de penser "le service public", associant une plus grande marge de manoeuvre des écoles établissements et un cahier des charges national beaucoup plus fort, définissant les missions et les priorités que la Nation impose à son école.

« Vous faites peut-être partie des 49% de familles françaises qui mettent leurs enfants dans l'enseignement privé à un moment ou à un autre de leur parcours scolaire. C'est ce que j'ai fait jadis.

Il serait donc particulièrement inconvenant pour moi de jeter la pierre à ceux et celles qui font de même aujourd'hui. Pourtant, je ne fais pas partie des 57% de parents qui, en septembre 2004, souhaitaient la suppression des secteurs scolaires afin de disposer de la plus totale liberté de choix de l'école à l'intérieur même de l'enseignement public. Je ne fais pas partie, non plus, des 82% de parents qui trouvent le système actuel tout à fait satisfaisant. Observant les évolutions de ces quinze dernières années, j'en suis venu à considérer la concurrence qui existe aujourd'hui entre tous les établissements, privés et publics, comme mortifère pour l'avenir de notre démocratie. J'en suis venu à considérer le choix de l'école par les parents comme un danger majeur pour la cohésion de notre société. Aussi puis-je m'autoriser à dire que nous sommes, aujourd'hui, devant un choix décisif: nationaliser l'enseignement privé pour éviter de privatiser complètement l'enseignement public. »