L'École, dit-on parfois, est un des rares lieux où c'est celui qui connaît les réponses qui pose les questions !

Et effectivement, le questionnement semble s'imposer pour permettre, tout à la fois, de mieux connaître les élèves, de les « faire accoucher » de leurs savoirs et de vérifier leurs acquisitions... En classe, on pose des questions tout le temps... sans jamais se poser de questions !

Le travail d'Olivier Maulini vient d'abord nous déniaiser sur nos propres pratiques. Ce que nous faisons au quotidien n'est jamais aussi simple que nous ne le croyons. Les questions et les réponses renvoient à des implicites et ont des effets dont on ne se douterait guère...

Avec une immense culture, tant littéraire que pédagogique, psychologique et sociologique, l'auteur explore « l'institution du questionnement scolaire ». Quelles questions poser pour donner sens aux savoirs scolaires sans tomber dans la manipulation ? D'où doit venir la question ? Du maître - qui connaît la réponse - ou de l'élève - qui ne sait ni ce qu'il doit demander ni ce sur quoi il obtiendra des réponses ? Faut-il s'appuyer systématiquement sur les questions des élèves, au risque de perdre de vue les objectifs d'apprentissage... ou exercer « l'art de poser les bonnes questions », au risque qu'elles se heurtent à l'indifférence des élèves ?

Au bout du chemin, Olivier Maulini pointe l'enjeu majeur, l'engagement des élèves dans leurs propres apprentissages, et note : « Il ne relève ni d'une psychologie des profondeurs ni de manoeuvres de séduction, mais d'une pensée et d'une pratique du questionnement ancrées dans les savoirs scolaires, le travail, la formation et l'identité professionnelles des enseignants. » Autant dire que nous touchons à ce qui est au coeur du métier d'enseigner. Et que nous l'appréhendons avec une grande rigueur, de multiples et passionnants exemples, une véritable intelligence du contexte et des enjeux. Avec un projet citoyen aussi : parce que discuter et questionner n'est pas une petite affaire. Et que « cela se discute, justement ».