Hyperactifs

Le phénomène est apparu d’abord de l’autre côté de l’Atlantique, mais il est en train aujourd’hui d’envahir l’Europe. Face à des enfants difficiles, nous nous mettons à prescrire systématiquement de la ritaline. La ritaline est un médicament censé soigner les personnes – jeunes en particulier – atteintes de TDAH : troubles de l’attention avec hyperactivité. Ainsi, au Québec, 7 % des enfants sont soignés à la ritaline et une récente enquête vient de légitimer encore plus on usage : face à des enfants hyperactifs, au comportement incontrôlable, les deux tiers des parents, au moins, utiliseraient les châtiments corporels, de la simple fessée aux sévices les plus graves ; la prise de ritaline apparaît donc là-bas comme un moyen de lutter contre les violences familiales et d’éviter la maltraitance ! Mais ce médicament est aussi très prisé par nos voisins helvétiques : de nombreux enfants d’école primaire y sont soumis à ce traitement qui exige une prise de comprimé toutes les deux à trois heures. Et voilà que la France s’y met à son tour…

Au fait, quels sont les symptômes cliniques des TDAH ? Le sujet atteint de ces troubles se caractérise par sa difficulté à fixer son attention sur une seule chose à la fois. Agité, engagé dans de multiples préoccupations, il se fixe difficilement sur un travail précis. Il entreprend une activité sans avoir nécessairement terminé la précédente. S’il n’a pas d’activité à faire, il s’en invente et a tendance, ainsi, à se disperser. S’il ne parvient pas à s’inventer une activité, il sombre dans la dépression. De plus, l’individu hyperactif a souvent du mal à se faire de vrais amis : il préfère les relations fonctionnelles de subordination ou de travail. Il a des difficultés à gérer son temps : il est fréquemment en retard, en dépit de ses attitudes parfois maniaques avec son agenda. Il lui arrive aussi d’oublier des choses essentielles et l’on ne peut pas lui faire confiance dans les rapports humains. Dans l’action, et malgré son empressement apparent, c’est un adepte de la procrastination (« tendance à remettre au lendemain ce que l’on a annoncé qu’on ferait aujourd’hui »)… Bref, c’est un agité peu fiable.

Il faut, bien évidemment, s’inquiéter de la montée en puissance de tels comportements chez les enfants. Mais il faut aussi comprendre pourquoi ils apparaissent aujourd’hui et s’ils ne sont pas tout simplement les symptômes d’une accélération vertigineuse de nos modes de vie… Et si, plutôt que de nous précipiter sur la pharmacopée, nous nous mettions à réfléchir sur les rythmes scolaires, l’usage de la télévision, les loisirs, le sport et la culture ? Peut-être même que, dans un premier temps, on pourrait simplement conseiller aux adultes – et, en tout premier lieu, à ceux qui nous dirigent – de vérifier régulièrement s’ils ne sont pas atteints eux-mêmes de TDAH ?