Samedi matin

Les cours du samedi matin sont maintenant supprimés à l’école primaire. C’est pratique pour le week-end. Mais je me demande si c’est une bonne mesure pédagogique pour les enfants. (Jean-Pierre, Saint-Laurent-du-Pont).

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Voilà de très nombreuses années que les experts savent qu’en France les journées scolaires sont trop longues… et les vacances aussi ! Il faudrait, si l’on voulait aider au mieux les enfants à s’investir dans leur travail scolaire, raccourcir les journées et augmenter le nombre de celles-ci. Bien sûr, cela poserait d’épineux problèmes techniques et sociaux. Il faudrait organiser des activités pour les élèves à partir de 14 ou 15 heures, revoir les systèmes de garde et repenser totalement le calendrier des vacances et la question de l’utilisation des équipements de loisirs…

Mais nous n’en sommes pas là ! Tout au contraire ! Nous diminuons encore le nombre de jours scolaires. Résultats : même pour les élèves qui ne bénéficieront pas des heures de soutien récupérées sur le samedi matin, la pression des journées va augmenter… et faire monter la fatigue et l’excitation ! La coupure du week-end va déstabiliser encore plus le rythme veille / sommeil. Fatigué, l’enfant se lèvera tard le samedi et le dimanche matin, ne pourra pas se coucher le dimanche soir… ni se lever le lundi matin. Bref, nous imposons à nos enfants des contraintes d’adultes : ces dernières sont bien réelles, en particulier pour les enfants dont les parents sont séparés… mais elles ignorent trop systématiquement les équilibres fondamentaux nécessaires à la réussite scolaire.

Certains verront là la conséquence de l’évolution de nos sociétés et une décision inéluctable. Il y avait pourtant bien, sans tout chambouler brutalement, un « plan B »… On pouvait maintenir les cours le samedi matin, mais en faisant de cette tranche horaire un cadre de travail privilégié avec les parents. Ces derniers, en effet, sont, effectivement, de plus en plus disponibles ce jour-là. Pourquoi ne pas les accueillir en classe par tout petits groupes pour qu’ils voient comment cela se passe ? Pourquoi ne pas présenter, le samedi matin, des travaux d’élèves, sans tomber dans l’exhibition de singes savants à laquelle on assiste parfois, une fois par an, lors de la fête de l’école ? Pourquoi ne pas organiser cette matinée de manière ouverte et décloisonnée, avec des activités diverses : groupes de discussion entre parents, professeurs et élèves sur la lecture, la télévision ou les jeux vidéo, ateliers de théâtre ou d’écriture, réflexion sur les incivilités ou l’évaluation… On peut encore, peut-être, engager un travail dans ce sens : pour le plus grand bien des enfants, dans l’intérêt des familles et en mobilisant des professeurs qui veulent croire encore à l’importance de leur rôle.