Vous repasserez…

Une des explications proposées par les anthropologues de la modernité pour expliquer l’avance de plus en plus importante des filles en matière de résultats scolaires est l’identification de ces dernières à leur mère et au caractère visible et soigné de leurs activités ménagères.

Caricaturons un peu : le père – quand il a la chance de ne pas être au chômage - part au travail le matin, parfois pour plusieurs jours, sans vraiment donner d’explications sur ce qu’il va faire. Il revient, fatigué et mystérieux, n’aspirant qu’au repos. Comme James Bond, il traite des affaires de la plus haute importance, mais dans le secret : c’est une aventure plus ou moins exaltante, mais presque toujours invisible. Ainsi, pour le petit garçon qui s’identifie à son père, il n’y a guère de représentation possible du travail, de ses contraintes, de ses exigences. La mère, elle, même si elle travaille à l’extérieur, poursuit ses activités à la maison sous les yeux de sa fille.

Certes – et fort heureusement ! – les choses ont beaucoup évolué : les pères s’occupent des bébés, font les courses, parfois le ménage, et tâtent même de la cuisine dans les grandes occasions. Reste le linge qui, très massivement, demeure l’affaire des femmes : lavage, repassage, rangement. Un travail minutieux, précis, d’autant plus important que le look devient une préoccupation majeure. Ainsi la mère se consacre-t-elle, devant sa fille, à des activités qui requièrent beaucoup de soin, une grande attention et conditionnent la satisfaction de tous. Conséquence : alors que les garçons croient que le travail, c’est l’aventure, les filles savent que cela exige beaucoup d’application.

On sait que les statistiques des résultats scolaires en France se rapprochent dangereusement de ceux de la délinquance : il y aura très vite aussi peu de garçons bons élèves que de femmes en prison. Déjà, dans beaucoup d’établissements, une fille cancre est aussi rare qu’un garçon brillant. Quoique systématiquement plus mal orientées à résultats égaux – car on met leurs bonnes notes sur le compte de leur application plutôt que sur celui de leur intelligence ! -, les filles ont indiscutablement aujourd’hui le vent en poupe… Les garçons eux, tentés par la régression dans une virilité archaïque, auraient besoin de retrouver le chemin du travail rigoureux. Il leur faut abandonner les tentations machistes pour accepter la complexité des relations et activités humaines.

On conviendra qu’il s’agit là d’un enjeu majeur et que le sort des garçons français devrait nous mobiliser. Peut-être même, en cette période de campagne électorale, pourrait-on considérer que confier systématiquement, dans les familles, le repassage aux hommes est une priorité nationale ? Et si une candidate ou un candidat oser poser une question apparemment triviale… mais tellement significative ? Chiche !