Passage de relais

Même s'il y a, heureusement, de belles et heureuses exceptions, il faut bien reconnaître que le tissu associatif français est vieillissant. Rien d'anormal, bien au contraire, à ce que des seniors, libérés de leurs obligations professionnelles et encore en pleine forme, investissent les associations. C'est même là une richesse dont nous devrions encore plus profiter. Des incitations fiscales, par exemple, devraient encourager ces engagements, surtout pour ceux et celles qui consacrent leur énergie à des activités dont l'importance sociale est vitale : aide familiale, soutien scolaire, organisations humanitaires, protection de l'environnement et développement durable, éducation populaire, etc. Il est temps, en effet, que l'État reconnaisse par un geste fort le caractère absolument décisif pour notre avenir de ce tissu associatif...

Mais, justement, pour en maintenir le caractère pérenne, il faut absolument que la relève arrive. Or, nous en sommes très loin. Dans beaucoup de conseils d'administration des associations, les moins de trente-cinq ans - et, parfois même, les moins de soixante-cinq ans - sont désespérément absents. Comment, dans ces conditions, organiser l'indispensable passage de relais ? Comment, alors, imaginer que ces associations subsistent encore dans quinze ou vingt ans ? Comment faire pour que ces initiatives indispensables restent en mesure de jouer leur rôle essentiel ? La transmission des valeurs et des pratiques associatives suppose que les générations actuellement aux manettes fassent une priorité de la question de leur renouvellement.

Pour cela, il faut tenter de comprendre la désertion des jeunes. Impossible de se retrancher derrière l'alibi de l'individualisme : toutes les enquêtes - et la récente mobilisation contre le CPE - démontrent que les jeunes sont formidablement sensibles aux problèmes de solidarité. Et, s'ils veulent légitimement, garder du temps pour leur vie personnelle, ils n'en sont pas moins capables de s'engager quand ils l'estiment nécessaire. Nécessaire et utile : voilà l'enjeu. Quand on leur demande, en effet, ce qu'ils reprochent aux « vieilles associations », ils mettent toujours en avant l'excès de « parlotte » au détriment de « l'action ». Il y a là, sans doute, un point central. Notre tissu associatif a besoin de se renouveler : il a besoin d'initiatives de l'État et des collectivités territoriales pour le valoriser ; il a besoin, également, de renouveler ses pratiques internes pour que les jeunes générations n'aient pas le sentiment - trop souvent justifié - que les réunions ne servent qu'à préparer les réunions... Un beau défi pour les seniors : rendre assez attractives les associations dans lesquelles ils militent pour que les nouvelles générations, en les rejoignant, puissent avoir prise concrètement sur leur vie et sur notre histoire.