Site de Philippe Meirieu consacré à l'histoire et à l'actualité de la pédagogie

CE QUE NOUS VOUS SOUHAITONS POUR 2008...

Des collaborateurs et amis de ce site vous font part de leurs souhaits pour la nouvelle année

Envoyez-nous vos voeux pour qu'ils figurent ici...

Philippe Meirieu, professeur à l'université LUMIERE-Lyon 2

TENIR PAROLE...

Les voeux, c'est toujours un peu dangereux... On connaît bien, en effet, en éducation comme en politique, dans notre vie personnelle comme dans notre vie professionnelle, la valeur des "décisions de jour de l'an" : nous nous discréditons ainsi régulièrement, sacrifiant au maximalisme velléitaire, quand il nous faudrait, à la fois, plus de discrétion et plus d'obstination... On sait aussi qu'il est facile de s'en remettre à la pensée magique : nous croyons parfois qu'il suffit de penser très fort à une chose pour la faire arriver, de décréter la raison pour arrêter la violence ou même d'enseigner pour que des élèves apprennent... Il y a un deuil à faire et à refaire sans cesse pour quitter la position du sorcier et entrer dans l'inévitable "médiocrité" des choses humaines, quand la pensée et le travail se coltinent la temporalité, quand nous prenons les choses et les êtres comme ils sont, mais que nous ne nous résignons pas à les laisser là où ils sont. Telle est la leçon de la pédagogie : ce n'est pas parce que les enfants ne sont pas des anges qu'ils ne peuvent pas devenir des hommes. Bien au contraire !

Que nos voeux, cette année, nourrissent plus que jamais notre détermination et nos engagements à lutter pour tout ce qui libère, unit et fait grandir les hommes...

Voir le texte "Baguette magique"

Voir le texte "La rhétorique des voeux"

Charles Pepinster, Groupe Belge d'Education Nouvelle (GBEN)

voir son analyse sur l'évaluation

Des rencontres qui cassent mes barrières,
Des gens qui barrent mes arrières,

Des copains qui rompent mes ronrons,

Des rencontres qui fusionnent,
Des gens qui m'impressionnent,

Des copains qui m'ouvrent des horizons.

Ni un paso atras en 2008.
Philippe Cadiou, professeur

Ce que je souhaite à tous pour 2008, c’est la chance d’un désir. Erasme : « Ne céder sur rien ». Qu’un désir nous perpétue, nous ré-invente, qu’il nous porte à l’inattendu. Aisance, chance, fulgurance.

Bertrand Gaufryau, chef d'établissement

voir sa chronique hebdomadaire

A la suite de Voltaire, que le rire aide chacune et chacun à combattre inlassablement la médiocrité, toutes les formes de dogmatismes et d’abêtissement que la société de marché cherche à nous imposer, pour faire vivre une liberté authentique. Comme citoyen, que notre capacité d’indignation demeure intacte chaque fois que ce qui abaisse l’Homme pointe le bout de son nez. Comme éducateur, que rien ne puisse nous détourner de l’essentiel qui est de donner sans cesse toute sa place à l’éducation pour construire le vivre ensemble de demain.
Maëliss Rousseau, professeur des écoles
Je ne nous souhaite pas de petits rêves, pas des rêves mesquins que d'autres forment pour nous : posséder le dernier téléphone mobile à la mode, ou la paire de stilettos qui fera avaler leurs escarpins aux copines ! Je nous souhaite à chacun des rêves qui nous mettent en projet. Je nous souhaite à tous des rêves qui fassent avancer chacun d'entre nous. En 2007, un sondage BVA-Emmaüs avait révélé que 47% des Français pensaient pouvoir un jour devenir SDF. Si, en 2008, nous osions rêver à une société qui ne laisse personne sur le bord du chemin ? Ce serait déjà un pas pour construire le projet qui nous fera avancer...
Pierre Frackowiak, IEN, militant politique et associatif

Que la vérité sur l'école éclate enfin au grand jour !

Bien au-dessus de la formidable manipulation de l'opinion qui sévit depuis tant d'années, que l'on sache que si les performances de l'école sont encore insuffisantes, si la formation du citoyen responsable n'est pas à la mesure des problèmes de la société, ce n'est pas parce que l'école a changé, c'est parce qu'elle n'a pas changé vraiment ou qu'elle n'a pas changé suffisamment.

Hubert Montagner, ancien directeur de recherche à l'INSERM

voir son dernier texte

Je souhaite plus de solidarité et d’humanité au bénéfice de tous ceux qui souffrent, en France et ailleurs. Je souhaite que les yeux s’ouvrent sur la véritable
“nature” des mécanismes, processus et environnements qui conduisent les humains à la marginalité sociale, à la fuite dans le suicide ou l’addiction aux
“chimies” destructrices (alcool, drogue...), aux désordres et déstructurations des conduites, à la violence et à l’échec scolaire. Je souhaite une révolution
des esprits qui permette de refonder les structures éducatives, en particulier les écoles, pour que leur organisation et leur fonctionnement reposent
d’abord sur une réelle prise en compte des particularités de chaque enfant, et sur une maîtrise des vrais facteurs qui empêchent les élèves de comprendre
et d’apprendre. Rien n’est déterminé ou irréversible lorsqu’on agit sur les vrais leviers du changement.
Mireille Charpy, directrice d'école
Pour 2008, parce que nous travaillons avec le plus précieux réservoir des espoirs de demain, mon plus vif souhait est que nous gardions au quotidien la force de défendre les idées d’échanges, de solidarité, de partage. Que la poésie survive même si elle n’est pas évaluée, que l’enseignant résiste même s’il n’est pas primé et que nos enfants ne soient pas fichés…
Sylvain Grandserre, maître d'école
AGIR POUR MOINS SUBIR

Un souhait pour 2008 ? De l'action ! Acteurs, partenaires et amis de l'éducation ont intérêt à passer à l'offensive :

- Les enseignants en s'emparant de leur outil de travail : locaux, financement, organisation, horaires, projets...
- Les parents en jouant à plein le rôle de partenaires et non d'adversaires ou de consommateurs...
- Les équipes municipales, en ayant une politique éducative communale ambitieuse...
- Les médias, en accordant un traitement dont la rigueur sera à la hauteur des enjeux et des attentes...
- Les associations éducatives en montrant la supériorité de leur action sur la logique marchande...
- Les citoyens pour réclamer l'école qui leur est due en échange de l'obligation scolaire...
- Le ministère de l'Education nationale enfin, en refusant les diktats du tout financier et de l'idéologie passéiste.

Seule la simultanéité de ces dynamiques transformera l'ornière où l'on s'enlise en sillon fécond (désolé pour la contrepèterie). Pourquoi pas en 2008 ?

Paul Robert, chef d'établissement
Que ce soit une année de paix et de réconciliation pour tous les peuples déchirés et opprimés dans le monde, une année où tous les droits fondamentaux soient enfin partout respectés et particulièrement en France. Cela faciliterait beaucoup notre mission d'éducation et nous aiderait à continuer à porter des valeurs d'humanité et de tolérance auprès de nos élèves !
René Jam, militant pédagogique et associatif
Sur la trame de notre mécontentement et de nos révoltes tissons "l'insurrection des consciences". Préoccupés d'apprendre à penser plutôt que quoi penser, travaillons à l'avénement fraternel d'une authentique démocratie participative où l'exigence éthique exprime notre fidélité à la Vie et le respect de l'autre. Réanimons le contrat social en l'élargissant à la dimension d'un "contrat naturel".
Prenons soin de notre planète, plus que jamais vulnérable !
Christophe Chartreux
PEGC Lettres / Histoire-Gégraphie-Education civique
Je souhaite, j'appelle de mes voeux une Ecole où la création, l'imagination remplaceraient la gestion des "comptables", une Ecole réconciliée avec elle-même, une Ecole des savoirs et des savoir-faire, une Ecole du "pourquoi" et du "comment". Je rêve d'une Ecole du présent et de l'avenir plutôt qu'une Ecole ressassant de vieilles rancunes comme autant de recettes indigestes. Une Ecole ouverte sur le monde tel qu' il va pour l' aider modestement à éviter bien des dérives...
Laurent Lescouarch, maître de conférences en sciences de l'éducation
Pour cette année 2008, en période de refonte de la
formation des enseignants, il serait essentiel que la
réflexion pédagogique puisse retrouver toute sa place dans
les dispositifs de professionnalisation à côté des approches
didactiques et disciplinaires. Je souhaite également que la
complexité de l’acte d’éduquer soit enfin au cœur de la
réflexion des acteurs (à contre courant des idéologies
simplistes b.a.b.a.istes ou du scientisme cognitiviste à la
mode actuellement.)
Yannick Trigance, directeur d'école, militant politique
2008 : poursuivons notre travail avec force et conviction.Oui notre société a besoin de laïcité, oui notre société a besoin de différences, de divergences, de débats et d'altérité.Ne laissons pas diffuser sans réagir l'idée que seul l'argent peut tout, contrôle tout , les hommes comme les idées.
Et continuons à expliquer et à convaincre que l'éducation reste la pierre angulaire de la réussite individuelle et collective, le patrimoine de ceux qui n'en ont pas, la clé de l'émancipation et de la liberté de conscience.
Excellente année à toutes et à tous.

Jacques Liesenborghs, militant associatif et politique, ancien professeur d'école normale, ancien administrateur de la RTBF (Belgique)
Il était un petit royaume où, en 2007, quelques politiciens et médias, en quête de clientèle, incitaient les citoyens de leur communauté à considérer les "étrangers", pourtant leurs concitoyens, comme des paresseux, des concurrents, des profiteurs... Tous dans le même sac, bien sûr !
Je rêve d'éducateurs qui ne manquent pas une occasion de proposer le "démontage" de tous les stéréotypes, sur tous les "étrangers", parfois très proches ou vraiment lointains. Un fameux boulot et un beau défi pour 2008, année européenne du dialogue interculturel.
Dominique Sénore, IEN, directeur de cabinet, IUFM de Lyon

Mon voeux pour 2008 : Que les éditions Célestines ( http://petitslivres.free.fr ) reçoivent autant de petits livres qu'il y aura de jours pendant cette année. Cela serait "vraiment" une preuve qu'elle nous conduit vers du ...9 !

Olivier Blond-Rzewuski, instituteur
Que chaque enseignant, même au sein de l'école la plus difficile qui soit, ait de l'ambition pour TOUS ses élèves...
Qu'il fasse ce pari d'éducabilité condition sine qua non de toute pratique éducative (pari "pascalien" en un certain sens puisqu'en aucun cas on ne perd !)...
Que l'idéal régulateur de nos décideurs soit d'accompagner chaque être humain vers la majorité, cette majorité si chère aux lumières, qui vise à l'épanouissement et non simplement à l'efficacité, à la productivité ou à la performance...
Que l'idéalisme ne cède jamais au strict "pragmatisme". Que les rêves les plus fous nous portent au-delà des limites qu'on voudrait nous imposer. Que l'éthique de la conviction ait toujours droit de cité aux côtés de l'éthique de la responsabilité. Mais que l'on ne nous fasse plus croire que les libéraux ont le monopole de cette dernière...
Que l'individualisme ne triomphe pas de l'individu...
Que l'espoir, même au plus profond des abîmes, anime toujours nos coeurs...
Que le goût de la nuance ne cesse de nous habiter...
Que jamais au grand jamais on ne renie la théorie au nom de la pratique...
Que les raisons de nos passions n'annihilent jamais notre passion de la raison !
Pascal Ourghanlian
2008...

... pour que ma Liberté s'arrête exactement là où commence celle de l'Autre, la rende possible et en soit en retour la garante ;

... pour que l'Égalité, n'en déplaise à certains, assume pleinement de peser sur le plateau de la balance pour qu'un peu d'équité advienne ;

... pour que la Fraternité, cette petite oubliée entre ses deux grandes soeurs, mette un peu de chaleur là où il pourrait n'y avoir qu'égalité froide et liberté de pure forme...

2008...

... parce que Résister, c'est ne jamais perdre de vue ce qui fonde notre Vivre ensemble...

Jacques Ladsous

LE DEVOIR DE RESISTER : c ’est ainsi  que Philippe Meirieu intitule son dernier ouvrage paru aux ESF. Il y propose une « pédagogie du chef d’œuvre qui articule une pédagogie de la découverte, et donne sens aux savoirs par une formalisation rigoureuse permettant de se les approprier. Mais  pour cela, il faudrait mettre de la cohérence entre l’école , la famille, les associations et l’ensemble des institutions par l’élaboration de projets collectifs d’éducation qui fassent contre-poids à la culture par l’économique qui conduit à l’enfant sauvage»

Si je me suis permis cette citation, c’est que je la trouve révélatrice du devoir que nous avons tous, dans les milieux professionnels qui sont les nôtres : la santé, la justice l’action sociale, l’éducation, de ne pas nous laisser entraîner par la vague déferlante d’un président séducteur dont le discours populiste mêle le vrai et le faux, et dont l’action spectaculaire encourage quelques-uns tout en expulsant les autres.

A la place où je me trouve, je vois naître ici et là des collectifs de toute nature qui ne veulent pas s’en laisser conter, et qui défendent le respect de l’homme, de la femme, de l’enfant, de « l’autre» , en menant un travail de plus en plus difficile tant il est vrai que cet «autre» malade, handicapé, mal foutu, délinquant …ne trouve pas sa place dans la cité  parce qu’il ne possède pas une façade de vainqueur. Et si je dis façade c’est que justement l’aspect dispense d’aller plus profondément dans la connaissance.

Puis-je me permettre à l’âge que j’ai de me souvenir d’un temps que j’ai vécu, où sous le regard triomphant du vainqueur provisoire, se déroulaient toute une série d’actions  dont certaines pouvaient paraître bonnes, servant avant tout a donner le change à un ensemble de turpitudes. En ce temps-là, régnait la peur, et le comportement des vainqueurs  a conduit à la lâcheté et aux faux-semblants bon nombre de nos compatriotes. Alors, ici ou là, un collectif  voyait le jour : Mouvement de Libération Nationale, Libé-Nord, Francs Tireurs et Partisans, Combat, Témoignage Chrétien… et tant d’autres qui entretenaient une flamme d’espérance dans une stratégie diversifiée, selon les lieux , les moments, les évènements…Cela s’est appelé la Résistance.

Pour que ces mouvements l’emportent sur la peur, il a fallu une cohérence, un projet collectif, qui puisse , au moment donné, fédérer les actions pour parvenir à libérer les esprits et les corps : ce fut le Conseil National de  la Résistance

J'aime à penser que tous ces collectifs contemporains qui ont chacun leur valeur vont trouver, un jour, la cohérence et l’unité qui feront revenir  en surface les valeurs de l’humanisme faisant reculer celles de l’économisme entretenues par «la poudre aux yeux» Notre mouvement trouvera sa place dans cet ensemble, et en nous souhaitant une «bonne année» nous espérons que 2008 sera l’année de la prise de conscience et du retour à la réalité.

Yannick Boulain

Avec ces premiers jours de l’année 2008, je me permets de vous offrir mes vœux de convergence les plus chaleureux.

Si « l’école doit être son propre recours », il m’arrive de penser trop souvent que mon cours devient mon propre recours. Tendance misonéiste entrevue chez beaucoup de mes collègues, fond de jalousie récurrente empêchant toute véritable fraternité entre les générations professionnelles, impossibilité politique à prendre ce risque réflexif d’une authentique « politique (éducative) de civilisation » (à quand le « désempilement » disciplinaire pour un nouveau « croisement disciplinaire » au service d’un socle véritablement commun, ne laissant pas les dimensions corporelle et artistique absentes ?). Edgard Morin nous invite à des espaces de réflexion intelligents pour construire ces mutations, tandis que vos propositions de résistances sont des bouffées d’oxygène !

Pour ma part, je crois à cette force héroïque et subversive de la modération, celle employée en son temps par Jules Ferry, car c’est la seule qui permette la construction de nouvelles réponses éducatives et politiques profondes tout en étant suffisamment consensuelles.

En attendant, je ne désespère pas du monde et prends beaucoup de plaisir à lire des histoires, celle de Mademoiselle Solange (Jeanne Benameur) ou bien celle de Daniel Pennacchioni réclamant des cours d’ignorance aux enseignants…